Un regard sur l'accès des femmes aux services financiers
L'amélioration de l'accès des femmes aux services financiers transforme les communautés à travers le monde. Des initiatives innovantes, comme la banque mobile, réduisent l'écart entre les sexes et stimulent la croissance économique.
Bien que l'accès des femmes aux services financiers se soit considérablement amélioré au fil des ans, avec, en 2021, une moyenne mondiale de 4 % de disparité entre l'accès des hommes et des femmes aux services bancaires, certaines régions restent affligées par un fossé des genres qui, d'une part, nuit aux femmes, aux familles et aux communautés et, d'autre part, ralentit la croissance économique de leur pays.
La situation
L’accès aux services bancaires
L'écart entre les genres, mesuré ici par le nombre de comptes dans les institutions financières, est en faveur des femmes dans les pays à revenu élevé. 96,7 % d'entre elles possèdent un compte, contre 96 % des hommes. Les statistiques sont plus alarmantes lorsque l'on étend son champ de vision au monde en développement.
On estime à 740 millions le nombre de femmes qui vivent aujourd'hui sans accès aux services financiers parmi les 1,4 milliard de personnes qui ne sont pas bancarisées dans le monde.
Même parmi celles qui possèdent un compte bancaire, les femmes sont 31 % plus susceptibles d'avoir un compte inactif que les hommes. L'écart homme-femme est bien plus important que la moyenne mondiale de 4 % lorsque l'on considère de plus près les pays à faible revenu.
Par exemple, au Mozambique, la disparité entre les sexes en matière de comptes existants dans les institutions financières est de 22 %, ce qui est beaucoup plus élevé que la moyenne régionale de 12 % pour l'Afrique subsaharienne. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, l'écart moyen est de 13 % selon la base de données The Global Findex Database 2021 de la Banque mondiale.
Au cours des dernières années, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ont entrepris un certain nombre de réformes et se sont considérablement améliorés en ce qui concerne les droits économiques des femmes. L'Égypte, en particulier, a proscrit la discrimination fondée sur le sexe dans les services financiers.
En outre, l'expansion du secteur de l'argent mobile et du secteur bancaire numérique a contribué à rendre la finance plus accessible aux personnes non bancarisées et à combler le fossé entre les hommes et les femmes en matière de comptes de services financiers. C’est le cas en Afrique subsaharienne, en Afrique du Nord et au-delà. Par exemple, au Mozambique, l'écart entre les sexes en matière de services financiers, si l'on tient compte à la fois des comptes en institutions financières et des comptes d'argent mobile, tombe de 22 % à 10 %.
Les femmes sur le marché du travail
Malgré ces évolutions importantes, un écart significatif entre les hommes et les femmes subsiste dans de nombreux pays. Une partie de cet écart provient de l’écart en emploi entre les hommes et les femmes.
Cependant, cette disparité dans l'accès au financement ne correspond pas toujours au nombre de femmes actives sur le marché du travail.
En effet, ce sont les pays les plus pauvres et les pays plus riches qui ont les taux de participation des femmes les plus élevés. La participation des femmes sur le marché du travail des pays les plus pauvres dépasse celle des pays à revenu élevé si l'on tient compte de la tranche d'âge des 15-25 ans. Cela s'explique par le privilège de l'éducation accessible dont bénéficient les personnes vivant dans les pays à revenu élevé.
Le Mozambique, par exemple, a un taux de participation à la population active des femmes de 78 % en 2023, alors que seulement 61 % des Canadiennes âgées de 15 ans et plus participent à la population active. Le taux de participation des hommes dans ces pays est de 80 % et 69 % respectivement.
Les femmes et les hommes canadiens commencent à travailler plus tard dans leur vie. 83,9 % des femmes et 91,5 % des hommes âgés de 25 à 57 ans font partie de la population active, alors qu'au Mozambique, le pourcentage d'adolescents et de jeunes adultes scolarisés commence à diminuer de manière significative après l'âge de 15 ans.
Il est frappant de constater qu'en 2021, 100 % des adultes canadiens, hommes et femmes, possédaient un compte dans une institution financière ou un compte d'argent mobile comparé au Mozambique, seuls 49 % des hommes et 39 % des femmes en ont. Dans les pays en développement, en moyenne, 74 % des hommes et 68 % des femmes possèdent un compte.
Les femmes dans l'économie informelle
Selon l'Organisation internationale du travail, il y a davantage de pays où les femmes sont plus nombreuses à travailler dans l'économie informelle que les hommes. C'est particulièrement le cas en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et en Amérique latine.
Les travailleurs informels, à la différence de ceux qui travaillent dans l'économie formelle, ne bénéficient que de peu de sécurité en matière d'emploi, de protection sociale et de retraite. Leurs lieux et leurs conditions de travail ne sont pas réglementés. Ils sont particulièrement vulnérables aux crises telles que la pandémie de la COVID-19, ainsi qu'aux urgences personnelles, car les travailleurs informels, en plus d'avoir des salaires inférieurs à ceux des travailleurs formels, n'ont que peu d'économies sur lesquelles s'appuyer.
Au sein de l'économie informelle, les femmes sont plus susceptibles d'occuper les secteurs d'emploi les plus vulnérables, tels que le travail familial, le travail domestique et le travail à la pièce dans les chaînes d'approvisionnement. Elles sont également plus susceptibles d'avoir des salaires inférieurs à ceux des hommes dans leur secteur.
Les impacts de l'accès des femmes au financement
Les femmes représentent près de la moitié de la population mondiale et de chaque pays. En tant que piliers de leur famille, de leur communauté et de leur pays, combler le fossé de l'inclusion financière n'est pas seulement bénéfique pour elles, mais aussi pour leurs pays et pour le monde en général.
Les impacts sur les femmes
L’opportunité d'entrer sur le marché du travail et d'accéder à des services financiers formels est étroitement liée au bien-être financier et à l'indépendance économique. Les services tels que les comptes d'épargne et les prêts permettent aux femmes de planifier leur avenir et d'entreprendre des projets. Cela permet la mobilité économique et l'amélioration des conditions de vie et du bien-être, à la fois pour elles-mêmes et pour leur famille.
En effet, une étude réalisée en 2010 aux Philippines a montré que le fait de contribuer à des comptes de micro-épargne permet aux femmes de prendre davantage de décisions au sein de leur ménage. L'accès à un tel service financier permet d'acheter des biens plus durables et utiles pour la maison, notamment des machines à laver, des appareils de cuisine et des véhicules.
Le fait de pouvoir épargner de l'argent sur leur propre compte et non sur celui de leurs maris protège également les femmes en leur donnant les fonds nécessaires pour survivre à une situation de crise domestique inattendue. En outre, la vie privée des hommes et des femmes est protégée lorsque les femmes peuvent épargner, investir et effectuer des transactions sur des comptes qui leur sont propres.
L'accès au financement confère également aux femmes un pouvoir politique. Elles sont plus susceptibles de voter et de s'impliquer dans la politique en se présentant aux élections, ce qui est traduit par des prises de décisions qui reflètent mieux la composition de la société.
Les impacts sur les familles et les communautés
Lorsque les femmes ont accès à des services financiers tels que des comptes d'épargne et des prêts, elles sont en mesure de subvenir aux besoins de leur famille et de contribuer à l'amélioration de leurs conditions de vie, en s'élevant elles-mêmes et en élevant les personnes à leur charge au sein de leur communauté. Cela réduit les tabous liés au genre et encourage d'autres femmes à devenir économiquement autonomes.
Elles sont également en mesure de contribuer au renforcement de leurs communautés en tant qu'entrepreneures. Selon le Global Entrepreneurship Monitor, 28 % des femmes des pays à faible revenu ont exprimé le désir de créer une entreprise - plus que nulle part ailleurs. Le Forum économique mondial cite l'accès au financement comme l'un des nombreux obstacles à l'entrepreneuriat féminin spécifiques au genre.
Grâce aux services financiers, les entrepreneurs peuvent prospérer, ce qui a pour effet de créer des opportunités d'emploi pour les habitants et de favoriser l'innovation sociale. Lorsque les conditions de vie des membres de la communauté s'améliorent, la communauté s'améliorent également. Les zones mal desservies par différents types de services peuvent bénéficier d'une augmentation de l'entrepreneuriat local répondant aux besoins de la communauté.
Les impacts sur les économies
Le développement de l'esprit entrepreneurial chez les femmes entraîne une accélération de la croissance économique des pays. Combler le fossé financier de 1 700 milliards de dollars qui existe entre les hommes et les femmes dans les micro, petites et moyennes entreprises permettrait de soutenir les économies et d'améliorer la productivité globale.
L'augmentation de l'épargne et des investissements n'est pas seulement bénéfique pour les individus, elle contribue également à la stabilité et à la croissance économiques globales. L'amélioration de l'accès des femmes aux services financiers et de la manière dont les services financiers s'adressent aux femmes pourrait générer plus de 700 milliards de dollars de revenus au niveau mondial. Ce chiffre est particulièrement important pour les économies émergentes et en développement. Étant donné que les finances des femmes suivent le travail des femmes, la croissance du PIB de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord pourrait plus que doubler si l'écart entre les hommes et les femmes dans le milieu du travail est comblé.
L'inclusion financière des personnes vivant dans des zones mal desservies par les institutions financières est connue pour promouvoir leur bien-être économique et social. Les femmes étant singulièrement mal desservies dans ces zones, il est primordial dans le cadre des projets de développement du monde entier de tenter de combler le fossé entre les sexes en matière d'accessibilité. Dans les dernières années, la technologie financière a été l'un des principaux facteurs à l’amélioration de l'inclusion financière, tant au niveau global que pour les femmes.
Comment la banque mobile améliore l'accessibilité
Aujourd'hui, les smartphones sont plus répandus que les lignes de télécommunications fixes et les institutions financières. Dans des pays comme l'Inde, où les personnes interrogées citent le plus souvent la distance des institutions financières et le manque de confiance comme raisons de l'inactivité de leur compte, les services financiers mobiles peuvent combler le fossé de l'accessibilité.
En effet, les services financiers mobiles ont la capacité unique de s'adapter aux besoins des utilisateurs, à la fois en termes de services et de localisation. La technologie mobile rend les services et produits financiers accessibles à ceux qui sont mal desservis par les limitations actuelles. Bien que les comptes d'argent mobile aient contribué de manière significative à l'amélioration de l'accès global au financement dans les pays sub-sahariens, les femmes sont à la traîne dans la plupart des pays à faible revenu.
Les écarts entre les hommes et les femmes en ce qui concerne la possession d'un téléphone portable et la culture financière jouent un rôle à cet égard. Au niveau mondial, les femmes ont 7 % de chances de moins que les hommes de posséder un téléphone et 19 % de chances de moins d'utiliser l'internet mobile. En outre, un rapport d'Allianz Research évaluant les économies développées a révélé que 30 % des femmes interrogées ont une faible culture financière, contre 21 % de leurs homologues masculins. De même, dans les économies émergentes, les femmes sont plus susceptibles de répondre qu'elles ne savent pas lorsqu'elles sont interrogées sur des sujets liés à la littératie financière.
Malgré ces écarts persistants, les femmes, en particulier les plus jeunes, sont aussi susceptibles que les hommes de posséder seulement un compte d'argent mobile dans les économies en développement. L'accessibilité des services offerts par les smartphones est aussi attrayante pour les hommes que pour les femmes. Ils offrent une occasion unique de combler le fossé entre les hommes et les femmes, à la fois en termes d'accès au financement et d'éducation financière, de coûts de fonctionnement inférieurs et de coûts inférieurs pour les utilisateurs. Cela est d'autant plus vrai que le nombre de smartphones dans le monde ne cesse d'augmenter.
D'autre part, une étude réalisée par Mastercard indique que les consommateurs et les entreprises de l'économie informelle sud-africaine cherchent de plus en plus à utiliser d'autres moyens de paiement que l'argent liquide pour leurs transactions, citant le manque de sécurité inhérent au transport d'argent liquide comme raison pour faire la transition.
Avec la normalisation des services financiers mobiles dans l'économie informelle, les travailleurs vulnérables, dont de nombreuses femmes, auront accès à la possibilité d'épargner et d'investir plus facilement. Cela contribuera également à la croissance de l'économie numérique.
L'accès au financement pour tous permet d'améliorer la vie de chacun, y compris la croissance des individus, des communautés, des entreprises, des institutions financières et des pays.
EZO
Chez EZO, nous pensons que l'accès à la finance donne du pouvoir et nous valorisons l'inclusion financière indépendamment de la situation géographique, du niveau de revenu, des circonstances et du genre. EZO a pour objectif d'apporter la technologie financière aux banques locales et d'atteindre ensemble les utilisateurs de smartphones et autres utilisateurs d'Internet mal desservis dans le monde entier.
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